Résistance

LA RESISTANCE

Ci-dessous, le point rouge indique la position du Juvénat.
Carte du juvénat

Au regard de cette carte et de ses commentaires, on pourrait penser que la proximité de la frontière est l'élément essentiel de l'engagement du Père Favre, mais est-ce la seule raison ?
Lors de la débâcle, le père Favre considère que sa mission n’est pas terminée, et ne dit-il pas à ses amis (cf. R. Mossu, compagnon de la Résistance.) :

« Je ne peux rester passif, alors que l’autorité divine est attaquée »

Il appartenait déjà à cette élite qui ne s’était pas pliée et dont la constance allait préparer la Renaissance de la Nation. Comme St Paul, il estimait que la fidélité n’est pas une vertu, mais un devoir. (cf. secrets d’une frontière)

Dans la Résistance, le Père Favre est l’élément centralisateur d’un office de recherches d’informations militaires, dont il a réglé tous les détails, le fil conducteur d’un réseau de transmissions secrètes. Il devient un membre éminent des réseaux Gilbert, du colonel Groussard. Il entretient des contacts importants avec les services de renseignements Suisses. Il se lie d’amitié, avec Marcel Durupthy.

Il côtoie par ailleurs le premier lieutenant de Saugy, le capitaine Clément, et l’abbé Gaston Desclouds de Thônex (Genève).

Les inestimables services qu’il rendit à la Cause des Alliés ne peuvent être énumérés ici.

D’après R. Mossu, compagnon et biographe du Père Favre, c’est à travers le Juvénat, dont la situation en bordure de frontière est exceptionnelle, un va et vient de prisonniers de guerre évadés, de Belges, de Hollandais, de fugitifs de toute sorte, surtout des Juifs pourchassés par les Allemands, en danger de mort, femmes, hommes et enfants.

Citons à nouveau R. MOSSU, à propos des caravanes d’Israélites arrivant au Juvénat, de partout en France, même de l’étranger et enfants, cherchant refuge en Suisse toute proche :

« Souvent ces malheureux, qui vivaient de racines et de feuilles, pour éviter les villes, et se terraient de jour, dans les bois, tendaient en arrivant, un papier qui les avait guidés, on y lisait le nom d’un village, et celui d’un bienfaiteur. Quand le Père Favre se penchait avec sollicitude sur ses protégés, une douceur céleste transformait son visage. Ses prunelles avaient moins d’éclat, elles étaient, alors, le reflet de sa bonté. »

Au total, 2000 personnes environ, sinon plus, ont passé par ici, pendant les années sombres de l’Occupation.

Dans son activité, le Père Favre a été secondé efficacement par ses deux confrères, le père Pernoud et le frère R.Boccard, en particulier.

Dans les archives littéraires, on note aussi le Père Favrat, originaire de Bellevaux, et le père Frontin.

Citant toujours R. Mossu : Le père Favre ressemblait à ces officiers qui galvanisent leurs troupes devant les positions ennemies, et pour lesquelles les 2èmes classes sont toujours prêts à se faire tuer, ces meneurs d’hommes qui enfantent l’héroïsme. Fréquemment, pour de courts mais fructueux voyages, il partait son bréviaire à la main, prenait place dans les wagons réservés aux « Besetzungstruppen », y parlait peu, et écoutait beaucoup. Il allait à LYON, où des amis sûrs « travaillaient » pour lui. Puis satisfait, il revenait avec des numéros de régiments, les noms de leurs officiers, des prévisions sur l’effectif des garnisons, sur l’armement des unités, glissait ses plis sous les banquettes et descendait à contre-voie pour échapper à la fouille des « Polizisten ». Dès son retour au Juvénat, où les Pères Favrat, Pernoud, et Charbonnel l’avaient remplacé pendant son absence, il retrouvait sa position à la pointe du combat.

C’est en vain que son chef spirituel le Père Frontin tentait de calmer son audace, tout en servant la même cause . Prendre du repos, il ne pouvait s’y résoudre et il avouait :

« Chaque minute de répit que je m’accorde est une défaillance, une retraite provisoire, une désertion. »

A heures fixes, plusieurs fois par jour, avaient lieu la remise et la réception de plis volumineux qu’il jetait à ses correspondants helvétiques ou que ces derniers lui remettaient. Cette double et délicate transmission exigeaient des précautions nombreuses. Elle avait lieu généralement à travers le réseau de fils de fer et de chevaux de frise dont le barrage avait créé, devant la face latérale et condamnée de cette maison d’éducation, une sorte de « no man’s land », terrain d’élection des chiens policiers allemands.

Lorsque les passages doivent avoir lieu de jour, le père Favre et Frère Raymond agissent en équipe. De sa chambre située au 2ème étage, Frère Raymond observe et donne le signal de départ en enlevant son bonnet.

Le chef du Réseau de Résistance auquel appartenait le Père Favre, craignant que cette action humanitaire trop voyante ne mette en danger tout le réseau, lui demande d’arrêter ces activités, pour se consacrer uniquement aux renseignements. Et voici quelle fut la réponse du Père Favre qui ne pouvait s’y résoudre :

« Je suis au service de ceux qui souffrent, comme de ceux qui se battent. Tant que les victimes frapperont aux portes de la Congrégation, cette place sera la mienne. »

Message écrit en prison
Le Père Favre devant le mur du Juvénat (photo de famille).





dernière m.-à-j. : jan. 2011