Le 16 juillet 1944, Albert Curioz est à ses côtés ; au total, ils sont huit, dans un camion bâché encadré par des voitures de la Werhrmacht. Le convoi s’arrête près du petit bois de Pessey, à Vieugy. Le père Favre va consommer son sacrifice. Il a 34 ans. Sur le chemin de Vieugy, « les battements de son cœur pressent son âme de rompre ses derniers liens ». Il n’a pas fait marche arrière, il ne dira pas une seule fois, si j’avais su... N’a-t-il pas écrit sur sa prison :
On les pousse : ils s’avancent, et le fusil mitrailleur, caché par les herbes hautes à l’angle d’un champ voisin, dernière traîtrise, les abat.
Après le départ des Allemands des habitants s’approchent, lavent les plaies, et couvrent les visages de branchages. Plus tard dans la soirée, ils transportent les corps dans une chapelle désaffectée, et le lendemain, les inhument dans la clairière de l’exécution, devant les tombes des dix fusillés du 18 juin.
En ce clair dimanche, c’est la fête du Mt Carmel. Le véhicule vide croise des fidèles qui se rendent à la Messe. De la cathédrale toute proche, montent les accords d’orgue, et s’élève un cantique comme un chant du ciel.